« Si mon travail est absurde il a l’absurdité de l’existence chez l’ouvrier le travail est la partie honteuse de notre monde qui exige d’être esclave pour manger je suis quelqu’un qui a choisi et qui veut garder sa dignité l’injustice est que j’ai eu le temps de comprendre alors que mon père ne l’a pas eu une partie de l’humanité travaille sans avoir le temps de réfléchir et dès qu’elle libère un peu de temps elle le remplit de stupidité de gadget nous ne vivons que pour avoir la capacité de poser des questions intéressantes pardonne-moi de priver l’histoire de l’art d’une fin non-arbitraire je crois à l’unité la pensée dualiste est à mon sens naïve on ne peut séparer le bien du mal ce n’est pas un hasard si j’ai commencé par le noir et programmé de terminer avec le blanc l’ensemble du parcours formant l’image d’une existence qui s’appelle Opalka la vitalité de cette image est au fond plus forte que la mienne ce que je fais tout le monde le fait sauf que je le fais comme image de ce tout le monde mon travail paraît égocentrique et il est pourtant universel car il rend visible l’accumulation d’une activité si on pouvait voir tout le charbon qu’a extrait mon père ce serait son oeuvre moi je l’ai fait consciemment comme l’image de l’activité d’une vie d’une vie qui a conscience d’être solidaire du monde du travail je fais quelque chose d’absurde mais qui pose à chaque existence des questions indispensables ma démarche me permet de faire une chose qui ne sert à rien qu’à sauver le sens c’est comme s’assoir par terre et regarder le ciel c’est travailler pour avoir le temps de regarder l’infini dans le ciel [...] »
R.Opalka
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